Erik van Ruysbeek, un auteur à multiples facettes
En 1991 le Interprovinciale Prijs voor Letterkunde van de Vlaamse Provinciën (prix Interprovincial de Littérature des provinces flamandes) a été attribué à Erik van Ruysbeek (o1915) pour l'ensemble de son oeuvre. C'est l'occasion ou jamais de vous présenter cet auteur flamand.
L'oeuvre de van Ruysbeek est à la fois multiforme et peu variée, concentrée autour d'un seul thème. Dans cet article nous développerons ces deux aspects, sa diversité et sa monomanie.
Van Ruysbeek n'est pas seulement poète, critique littéraire et essayiste, il est également romancier. Au printemps de 1991 il fit paraître un nouveau roman, De Gordiaanse Knoop (Le noeud gordien). Ses romans qui explorent avant tout l'âme humaine, sont de nature contemplative et méditative. Ils analysent les mobiles d'un personnage principal à la recherche de lui-même.
Ce sont des romans psychologiques: ils dépeignent le développement intérieur du personnage principal et sont fortement autobiographiques. Les expériences de jeunesse de van Ruysbeek à Ruisbeek (un hameau de la commune flamande de Kampenhout) complétées plus tard par son séjour dans la forêt ardennaise (dans les environs de Redu) reviennent constamment dans ses romans. Là, dans les bois, près d'un ruisseau ou d'un arbre, le personnage principal de ses romans fait l'expérience de son affinité mystique avec la nature, décrite dans des passages parfois visionnaires et très poétiques.
D'autres thèmes importants de ses romans sont l'amour et la mort. Son roman De Magische Cirkel (Le cercle magique) est ainsi entièrement consacré à l'amour et son premier roman, De Dood en de Dageraad (La mort et l'aube), traite d'un mourant qui, dans un long flash-back, contemple sa vie. Par leur nature méditative et souvent fortement simbolique, ces romans occupent une place tout à fait à part dans la littérature néerlandaise contemporaine. Son premier roman fut, à juste titre, couronné par le prix littéraire de la Ville de Bruxelles (1976).
En Flandre et aux Pays-Bas van Ruysbeek est surtout connu en tant que critique littéraire des années 50. Il doit cette renommée ‘datée’ à une polémique avec le poète flamand Karel Jonckheere (
o1906), dans laquelle il défendait la poésie expérimentale des jeunes d'après-guerre. Sa connaissance de l'avant-garde européenne, non seulement dans le domaine des lettres, mais aussi et surtout en matière d'arts plastiques, par exemple
Erik van Ruysbeek (o1915).
sa familiarité avec le surréalisme, l'ont incité à se prononcer résolument en faveur de la poésie qui dévoile le côté irrationnel de l'homme. Son plaidoyer en faveur de ce qui est intuitif et intime est en même temps une réponse au malaise culturel de l'après-guerre qui, selon lui, s'enracine dans une vision dualiste de l'homme. La crise religieuse, qui chez nombre d'intellectuels débouchait sur l'adoration de l'existentialisme, donnait lieu chez lui à une quête perpétuelle d'une foi nouvelle, de nouvelles valeurs spirituelles.
Il n'est donc pas étonnant que l'intervention de van Ruysbeek dans la vie littéraire en Flandre s'inscrive dans une large problématique culturelle et idéologique. Bien que van Ruysbeek fût resté toute sa vie rédacteur de divers journaux littéraires flamands, il disparut pratiquement de la scène critique et littéraire après son introduction à l'anthologie Grondslagen voor een Poëzie van Morgen (Bases pour une poésie de demain).
Dès son premier essai De Sluier van Isis (Le voile d'Isis, 1952) et jusqu'à Wegen naar de Ondergrond (Voies vers l'Enfer, 1989) van Ruysbeek a cherché une nouvelle justification à la vie. Bien qu'à cet effet il puise dans de nombreuses traditions différentes, il existe dans ses essais deux sources