entiers se sont évanouis dans les brumes du temps. Bien que ce ne soit pas la tâche des auteurs des différentes parties, l'ambition est de proposer une histoire aussi complète que possible. Enfin, on s'est rendu compte que trop souvent l'histoire de la littérature avait tendance à sauter d'un mouvement novateur à un autre sans s'attarder à l'existence d'évolutions intermédiaires ou de conceptions littéraires se plaçant délibérément en retrait. Par conséquent, l'innovation n'est pas le premier critère du projet.
À présent que six volumes ont paru, on peut prudemment tirer les premières conclusions. Une bonne partie des ambitions du début semblent concrétisées. La nouvelle histoire littéraire est une série attrayante qui conte au grand public la passionnante histoire des lettres néerlandaises. Même les spécialistes y découvriront des histoires étonnantes d'écrivains, de genres littéraires ou de phénomènes injustement tombés dans l'oubli. De plus, la discipline est assurée de disposer d'un bel instrument didactique pour les décennies à venir.
Néanmoins, la série bute sur un certain nombre de problèmes. Là où pour le Moyen Âge c'est un vrai plaisir de découvrir la littérature en tant que miroir de la société du Nord comme du Sud, cette vision d'ensemble commence à s'altérer quelque peu à partir des xvie et xviie siècles pour devenir franchement problématique à partir du xixe. Comme les processus de formation de la nation ne se déroulaient pas de façon synchronique, en littérature non plus les développements n'étaient pas parallèles. L'argument selon lequel les réseaux littéraires franchissaient les frontières au xixe siècle n'est qu'en partie pertinent, puisque sur le plan du contenu les concordances sont loin d'être évidentes. D'autant que, dans cette partie, les Pays-Bas et la Flandre sont traités dans deux chapitres par des auteurs différents (Wim van den Berg pour les Pays-Bas, Piet Couttenier pour la Flandre). Une approche intégrée, plaçant au centre les différences plutôt que les similitudes, aurait sans doute donné un meilleur résultat. Même remarque d'ailleurs pour l'ouvrage de Hugo Brems sur la période 1945-2000, bien que cette partie souffre davantage de la quantité de matière à traiter et que le choix des paramètres (le grand rôle attribué à ‘l'écho’ des oeuvres dans la presse) en fasse une sorte de compte rendu d'un demi-siècle de littérature vu par les médias.
Mais on ne demande qu'à oublier ce grief. En tout état de cause, lorsque l'an prochain paraîtront les deux derniers volumes (le xviiie siècle et la période 1940-1945), les études de langue et littérature néerlandaises disposeront incontestablement d'un outil majeur.
matthijs de ridder
(tr. n. callens)
Geschiedenis van de Nederlandse literatuur (Histoire de la littérature de langue néerlandaise) est éditée aux éditions Bert Bakker à Amsterdam.
Sont parus:
FRITS VAN OOSTROM, Stemmen op schrift (Voix mises par écrit; le Moyen Âge jusqu'en 1300).
FRITS VAN OOSTROM, Wereld in woorden (Le Monde en mots; xive sècle).
HERMAN PLEIJ, Het gevleugelde woord (Paroles historiques; xve et xvie siècles).
KAREL PORTEMAN & MIEKE SMITS-VELDT, Een nieuw vaderland voor de muzen (Une nouvelle patrie pour les muses; 1570-1700).
WIM VAN DEN BERG & PIET COUTTENIER, Alles is taal geworden (Tout est devenu langue; xixe siècle).
HUGO BREMS, Altijd weer vogels die nesten beginnen (‘Les oiseaux font leur nid’, un éternel recommencement; 1900-1945).
À paraître:
Le volume sur le xviiie siècle.
Le volume sur la période 1900-1945.
L'épilogue (numérique) avec un exposé sur la série par
ANNE-MARIE MUSSCHOOT et ARIE JAN GELDERBLOM.
En 1999 parut aux éditions Fayard de Paris Histoire de la littérature néerlandaise (Pays-Bas et Flandre), ouvrage dirigé par HANNA STOUTEN, JAAP GOEDEGEBUURE et FRITS VAN OOSTROM, avec la collaboration de JEANNE VERBIJ-SCHILLINGS (voir Septentrion, XXVIII, no 4, 1999, pp. 79-81).