Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion–EnseignementMobilisation et initiative pour le néerlandais au sein de l'eurométropoleAprès de nombreux travaux antérieursGa naar eind1 et l'échec d'un projet déposé auprès du fonds européen INTERREG, un petit groupe considérant la situation du néerlandais comme fragile et menacée s'est remis à l'ouvrage dans le cadre du Forum de L'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai et avec une approche différente. Le groupe de travail franco-belge mis en place s'est penché sur la situation de l'apprentissage du néerlandais pour adultes dans les trois secteurs français, flamand et Wallonie de l'Eurométropole. La volonté du groupe a été de réaliser des entretiens avec l'ensemble des parties prenantes selon la méthode des entretiens semi-directifs. Plus de trente entretiens ont été ainsi réalisés entre août 2012 et mars 2013, de 1h 30 à 2 h chacun. Des problèmes imbriqués ont été mis en évidence et des pistes de solution identifiées. Notre rapport de diagnostic confirme la situation difficile de l'apprentissage du néerlandais dans ses différentes facettesGa naar eind2. À l'examen global de la situation, force est de constater que les acteurs de terrain se débrouillent souvent seuls pour assurer le minimum de sensibilisation à l'intérêt d'apprendre le néerlandais. Ces mêmes acteurs sont tenus de respecter des logiques d'équilibre comptable dont s'accommode mal la nécessité d'offrir un parcours de réussite et de permettre aux enseignants de partager leur expérience. Ainsi un apprenant peut suivre avec succès un certain nombre d'heures et d'années de cours et se trouver l'année suivante dans l'impossibilité de poursuivre dans le même établissement. Cela conduit à des abandons aux conséquences négatives pour les autres apprenants et aussi pour le bon moral des formateurs qui sont, par ailleurs, le plus souvent employés dans des conditions de précarité. On trouve chez les apprenants des motivations différentes selon les territoires de l'Eurométropole, mais majoritairement on apprend plus le néerlandais comme condition nécessaire d'une bonne carrière en Wallonie, pour être un futur bon citoyen lorsqu'on est migrant en Flandre ou pour travailler dans le secteur de l'exportation ou de l'autre côté de la frontière lorsqu'on est un apprenant français. Apprendre le néerlandais par plaisir serait pourtant un moyen sûr d'augmenter le taux de réussite. Il existe quand même quelques apprenants qui le font pour découvrir une autre culture et s'ouvrir à des savoir-faire des pays néerlandophones ou pour renouer avec la langue de leurs parents. La qualité de la formation butte en France sur une absence de réelle tutelle, ce qui peut conduire à des offres de formation fantaisistes, soit par le nombre d'heures proposé, soit par la brièveté du cursus offert (un an!), soit par l'absence de réelle coordination pédagogique et de suivi des apprenants dans la durée. Heureusement, ce schéma ne se retrouve pas en Wallonie et en Flandre, où un encadrement (directives) existe tant pour les volumes d'heures proposés que pour les niveaux à atteindre pour les apprenants en s'appuyant sur le cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). | |
[pagina 72]
| |
On peut mieux faire aussi pour le néerlandais en primaire et secondaire: malgré les initiatives volontaristes en primaire, peu d'élèves poursuivent l'étude du néerlandais comme première ou deuxième langue dans le secondaire en France. En outre, le territoire de la métropole lilloise est inégalement doté en établissements proposant le néerlandais. La situation est un peu meilleure dans la Wallonie proche, mais malgré le succès de l'enseignement primaire en immersion, peu d'élèves continuent le néerlandais en première langue dans le secondaire. De nombreuses incertitudes menacent l'avenir universitaire du néerlandais à Lille, vu le peu d'étudiants inscrits dans les filières LEA ou LCEGa naar eind3; cette situation est aggravée par le manque d'étudiants poursuivant en master, puis doctorat. En ce qui concerne l'environnement linguistique au delà des cours en face à face, là encore existent des obstacles à ce que des apprenants, mais aussi les enseignants et formateurs puissent accéder dans la partie française ou wallonne de l'Eurométropole aux journaux et magazines néerlandophones. Les courageux devront faire quelquefois plus de vingt kilomètres pour se procurer ces médias. Enfin, il semblerait que des frontières ‘invisibles’ se reconstituent. Ainsi pour l'accès des citoyens aux chaînes de télévision des pays voisins, les nouveaux fournisseurs d'accès de la télévision par internet ne permettent pas de recevoir les chaînes belges, tant néerlandophones que francophones! Face à ces constats, quelles actions mener? La première des priorités semble être de fédérer tous les acteurs et parties prenantes (sous une forme juridique à définir) au sein d'un réseau pour le néerlandais, son apprentissage et son usage; aujourd'hui, toutes les parties prenantes se battent avec peu de moyens et de manière isolée; ce réseau pourrait aider l'Éducation nationale à mettre en place une information/sensibilisation itinérante au néerlandais à destination des parents d'élèves, des élèves et du grand public (s'inspirer du concept DeutschMobil utilisé pour l'allemand). Autre tâche pour le réseau: cadrer (en s'inspirant des directives en place en Flandre et Wallonie) les offres de formation pour adultes sous forme d'un référentiel et pratiquer une labellisation des offres de formation. À plus longue échéance, une fondation de soutien ou un fonds alimenté par des acteurs publics ou privés des trois régions de l'Eurométropole et de la Flandre française pourrait aider à pérenniser et à améliorer les actions existantes ou initiatives d'établissements ou d'enseignants ou venant de la société civile. Il existe aussi un besoin identifié d'un lieu d'accueil, de conseil, de rencontre et de documentation (Centre du néerlandais de Lille) où pourraient avoir lieu des animations, conférences-débats, cafés néerlandophones en sus du prêt de livres / CD / DVD et de la possibilité de trouver la presse néerlandophone. Ce centre compléterait l'apport d'information offert par le site ‘Les amis du néerlandais’Ga naar eind4, qui recueille déjà une audience prometteuse. Enfin l'Eurométropole pourrait faire réaliser une enquête périodique sur le progrès du multilinguisme des deux côtés de la frontière linguistique et interroger les habitants sur les ‘frontières invisibles’ restantes. Pour conclure, aujourd'hui le travail du groupe consiste à aider à la création de ce réseau d'acteursGa naar eind5, à concrétiser les propositions d'action, à entraîner des leaders d'opinion et des élus dans cette initiative afin de la soutenir moralement, matériellement et financièrement jusqu'à la concrétisation des objectifs fixés. michel eyraud, évelyne filatriau, thierry abel et alain d'orgeville |
|