Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion–
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La gauche décomplexée de Peter MertensL'organisation d'extrême-gauche Partij van de Arbeid (PvdA) surprit son monde en obtenant pas moins de 8% des voix aux élections municipales à Anvers, en octobre 2012Ga naar eind1. Son jeune dirigeant Peter Mertens (o 1969) n'y était pas pour rien. Il a réussi l'impossible: transformer un parti d'extrême-gauche en un acteur de la scène politique à part entière. Jusqu'alors, le PvdA ne réalisait que des scores de figuration, guère supérieurs à 1%. Le parti a été fondé dans les années 1970, et était alors d'obédience maoïste stricte, ne participant aux élections que pour se profiler comme une variante plus à gauche de la social-démocratie officielle. Ses représentants les plus fameux étaient les Médecins pour le peuple, qui exerçaient la médecine contre un tarif conventionné. Par leur refus sans concession des structures capitalistiques, ils incarnaient la philosophie du parti. Pendant toute une période, le PvdA a suivi sa propre voie. Il a commis la faute de tout nouveau venu sur la scène politique belge, celle d'en faire à la fois trop et pas assez. Le PvdA avait trop de rigidité dans ses analyses et, du fait de son manque de souplesse, il ne pouvait pas s'adresser au plus grand nombre. Son attachement à![]() Peter Mertens.
l'idéologie maoïste ne lui permettait pas de trouver l'oreille du grand public. Du fait de sa posture, il se voyait souvent assimilé à Mao Tsetoung et à sa version du communisme. Pendant un temps, le PvdA s'est commis avec les intégristes musulmans, ce qui s'est avéré peu porteur sur le plan électoral. Il a depuis résolument changé son fusil d'épaule. Peter Mertens, devenu son président, a engagé le parti vers une forme de marxisme plus modéré. Son livre intitulé Comment osent-ils?Ga naar eind2 est devenu un succès de librairie. Il s'y attaque, comme peu l'ont fait avant lui, aux grandes entreprises de distribution d'énergie et aux banques, qu'il accuse de façon radicale et qu'il considère comme des fauteurs de crise. Aux yeux de Mertens, ce ne sont pas les simples classes laborieuses qui ont causé la crise mais au contraire les dirigeants des grandes entreprises bancaires, financières et énergétiques. Peter Mertens est devenu, avec le succès de son livre, une figure avec laquelle il faut compter. D'autant plus qu'il a brisé un tabou autour du voile islamique, dont il est devenu un partisan et qu'il a défendu avec une conviction acharnée. Cela lui a valu de nombreux votes des communautés de confession musulmane, un phénomène accentué par la position du bourgmestre socialiste d'Anvers, qui, bien que traditionnellement lié à ces dernières, s'est rangé derrière les ‘anti-voile’. | |
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Mais la lutte de Mertens va plus loin que cela. Lors d'une récente interview, il a ainsi déclaré: ‘Nous voulons être la locomotive de la gauche. Une locomotive n'est pas, en soi, l'élément le plus important du train, mais elle se doit d'être assez forte si elle veut déterminer la direction. Notre ambition est de tirer les syndicats et les partis progressistes vers la gauche. Nous n'avons aucun complexe à vouloir redonner à la gauche la place qui lui revient’. Peter Mertens, qui plus est, est le président du parti à l'échelle nationale. Le PvdA ne veut pas entendre parler de fédéralisme et joue la carte unitaire. Son aile francophone a pour nom Parti du travail de Belgique (PTB) et forme un parti avec l'aile néerlandophone. Un parti qui entend ainsi se démarquer du nationalisme de l'une ou l'autre des composantes du pays. À l'échelle internationale, le parti entretient de bons rapports avec d'autres groupements marxistes. Les opposants parlent souvent de liens avec la Corée du Nord et la Chine. Peter Mertens balaie ces accusations d'un revers de la main, convaincu que ces reproches sont isolés de leur contexte. Il assume néanmoins le passé de son parti, ouvertement pro-chinois et maoïste à une époque. Mais il prétend avoir rompu avec ce passé. Il ajoute que la droitisation des Flamands n'est pas gravée dans le marbre; la Flandre connaît une tradition séculaire de rébellion. ‘Le PvdA s'inscrit dans la lignée de Tijl Uilenspiegel’, dit-il. Avec Peter Mertens émerge une nouvelle génération de politiciens. Une génération qui n'a pas de liens avec les syndicats ouvriers ou patronaux. Il doit tout baser sur son seul programme. Quant à savoir sur quoi cela débouchera, seul l'avenir le dira. jos bouveroux |