défendent l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Il a fallu de longues années de procédures pour que la Cour européenne des droits de l'homme déclare finalement en 2012 que le parti devait admettre les femmes.
Néanmoins, le parti n'a toujours pas modifié ses statuts. Selon ses principes fondamentaux, les femmes ont une autre mission à remplir que faire de la politique, bien que, dans la pratique, certaines y soient autorisées. Lilian Janse - Van der Weele, par exemple. Son père est membre du bureau du SGP à Flessingue. Lorsqu'il a annoncé ne pas trouver d'homme disposé à être tête de liste, sa fille a posé sa candidature. ‘Les normes et les valeurs du SGP me tiennent à coeur. La chance m'est offerte de les propager. J'aime la politique. Je veux en faire pour le SGP, car c'est le parti où je me sens dans mon élément’, déclare-t-elle à la télévision. Du reste, Flessingue n'a actuellement aucun conseiller municipal SGP.
Il y a quelques années encore, madame Janse n'aurait jamais pu passer à la télévision. Les députés du parti pouvaient être interviewés dans les couloirs, mais ce n'est qu'en 2005 que Bas van der Vlies, le responsable du parti de l'époque, est entré dans un studio de télévision. Le parti considérait que toute participation active à une émission télévisée devait être évitée pour des raisons d'éthique religieuse. Finalement, cette directive a été assouplie. Néanmoins, il est toujours hors de question de passer en direct à la télévision le dimanche. Nombreux sont les membres du SGP qui ne regardent pas les apparitions de leurs leaders dans les médias. Ils lisent dans la Bible qu'on ne doit pas avoir la télévision, ni la regarder.
Le parti défraie souvent la chronique en raison de ses opinions divergentes. Début 2013, le pays a été mis en émoi du fait qu'un certain nombre de protestants fondamentalistes refusaient de faire vacciner leurs enfants contre la rougeole, alors que plusieurs cas de cette maladie avaient été signalés. L'actuel chef du SGP, Kees van der Staaij, a dit - dans une émission télévisée! - que ‘les gens ne doivent pas être obligés de faire vacciner leurs enfants contre la rougeole, car une telle obligation représente une trop grande immixtion dans la vie privée’.
Le SGP n'a jamais encore fait partie du gouvernement, mais, depuis quelques semaines, le parti prête son soutien au cabinet du Premier ministre Mark Rutte, dont la coalition libéraux - sociaux-démocrates n'a pas la majorité au Sénat. Du fait que le SGP, conjointement avec deux autres petits partis d'opposition, appuie le budget 2014, Rutte y dispose maintenant d'une majorité. En échange du soutien du SGP, le gouvernement a promis de moins alourdir les charges des familles avec enfants.
Conformément à ses principes, le SGP a pour objectif l'établissement d'une théocratie. Le parti écrit: ‘Dieu nous demande dans Sa parole, la Bible, de vivre conformément à Ses commandements. Il en a le droit, car Il est notre créateur et notre gardien. Tout être humain a donc la mission biblique de vivre selon la parole de Dieu. Le gouvernement lui aussi a cette mission’. En dépit d'une orientation aussi particulière, la plupart des politiciens SGP restent bien considérés aux Pays-Bas, notamment en raison de leur connaissance du droit constitutionnel. Ils sont représentés dans toutes les couches de la politique néerlandaise. Dans la commune d'Urk (province de Flevoland), ils détiennent même la majorité des sièges. À la Deuxième chambre, les députés SGP sont souvent parmi les plus anciens. Le précédent responsable du parti, Bas van der Vlies, a même été parlementaire pendant près de trente ans. C'est un cas unique aux Pays-Bas. Lors de ses adieux, il a reçu une importante distinction royale des mains de la présidente de la Chambre et a été longuement applaudi par ses collègues. Les dernières paroles prononcées par Van der Vlies au Parlement ont été: Soli deo gloria. Cela signifie ‘À Dieu seul la gloire’, une devise tout à fait dans la ligne du parti.
joris van de kerkhof
(tr. e. codazzi)