[La quête de la lumière...]
La quête de la lumière peut etre pour le peintre une vocation, mais aussi une passion dévorante. Il est aberrant de la confondre avec celle de l'impressionnisme. Van Gogh n'en at-il pas été possédé? Des sombres mangeurs de pommes de terre aux corbeaux aveuglés ou terrifies par le soleil zénithal, n'estce pas elle qu'il poursuivit jusqu'au vertige définitif, jusqu'à sa dernière station?
Ici, avec Pierre Vlerick, son approche s'apparente à celle de l'abstraction impressionniste sans s'identifier avec elle. Déja une ‘reconnaissance’ de la réalité se fait jour.
Vlerick ne se contente pas d'être fasciné. Il refuse de souscrire à cette affirmatie d'Andre Lhote: ‘On ne voit bien que lorsqu'on est ébloui.’ Depuis sa participation il y a 4 ans à la Biennale de Venise, son regard s'est fait plus aigu, plus attentif à certaines aspérités des formes, à certaines affirmations de la couleur liées a l'environnement moderne, à ce qu'on a surnommé assez justement notre ‘mythologie quotidienne’. Il n'est pas resté indifférent à certaines intensités lumineuses des villes nocturnes, ni aux découvertes phénoménales des laboratoires, voire aux mises à feu des engins interstellaires.
Toutes ces observations cependant sont intégrées à son univers personnel, dont on peut se demander s'il n'est pas aussi, sinon d'abord, un espace intérieur, où se reflèteraient les mondes réels et imaginaires, le ‘monde des lumières’, non dans le sens magrittien, mais dans celui d'une subtile sciencefiction qui envahirait notre intimité, notre sensibilité.
Si cette peinture peut trouver dans le passé des points de référence, ce sont moins les envoûtants nymphéas de Monet que les tourbillons de Turner, ses brouillards inquiétants, ses apparitions du point du jour.
Vlerick n'a pas abandonné la gamme de ses couleurs, la fluidité de ses arpèges, l'évanescence de ses visions, mais certains contrepoints laissent apparaïtre des structures plus fermes qui nous permettent de prendre pied dans une réalité ou une surréalité qu'il n'a cependant pas renoncé à dégager de toute loi de pesanteur, à libérer de toute entrave, à rendre parfois dangereusement incandescente.
Ainsi, à vos risques et périls, engagezvous une fois encore audela du miroir.
Jean Dypréau
1968