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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[pagina 26]
[p. 26]

[VI]

Deux jeunes gens nous avaient donné rendezvous au bois de la Cambre. Je me hâtais sur l'Avenue Louise, quand mon attention fut attirée par un beau jeune voyou aux boucles noires, qui déambulait d'un pas las devant moi. Il avait une branche verte effeuillée en main, et en frappait les chiens et les petits enfants qu'il rencontrait sur son chemin; il se retournait en riant quand il leur avait fait mal. Au Bois, il cassait les jeunes buissons avec son bâton. Puis il s'assit: il prit des petits cailloux, et les jeta sur des moineaux qui, en pépiant, cherchaient leur pâture dans un tas de crottins de cheval.

‘Quelle sale bête!’ me disais-je...

Une jeune fille rousse, au nez retroussé, passa. Ses multiples jupons rendaient sa marche ondulée. Elle l'invita par des clins d'yeux. Il ne disait ni oui ni non et la regardait, indifférent; puis, les mains dans les poches, il sifflota d'un air ennuyé.

Un vieux monsieur s'avança à petits pas. Ils se regardèrent bien dans les yeux. Le jeune

[pagina 27]
[p. 27]

homme se leva et le précéda. J'étais étonnée de la façon de marcher: il se cambrait et faisait le beau. Mais, voyant venir de loin Stéphanie, je n'y fis plus attention et j'allai vers elle.

Elle arrivait, essoufflée, bien qu'elle eût pris le tramway. Nos amoureux vinrent en voiture. Ils nous abordèrent d'une façon gênée... nous étions si peu élégantes... On s'éloigna des grands chemins dans les sentiers peu fréquentés, et là tout respect humain les abandonna: leurs gestes et leurs propos étaient ceux de charretiers.

J'avais escompté un bon déjeuner, mais ils nous conduisirent dans une guinguette, où ils nous offrirent une omelette au lard et un verre de faro: eux ne prirent rien. Une demi-heure après ce repas, j'étais aveuglée par la migraine, des manières de nos galants m'agaçaient. Je devins agressive et me mis à chicaner l'un d'eux sur ses grosses mains balourdes. Par ma fréquentation chez les peintres, j'étais à bonne école pour apprendre ce qui était beau ou laid. Sans savoir au juste ce que cela signifiait, je lui dis que ses mains sentaient la plèbe, et lui fourrant la mienne sous le nez:

- Voilà une main aristocratique...

Puis je le persiflai sur sa façon de marcher et ses reins trop larges pour un homme, le tout accompagné de regards dégoûtés:

[pagina 28]
[p. 28]

- J'ai rencontré tantôt un voyou superbe, il aurait mieux porté vos habits élégants que vous... Ah! le voilà! fis-je, en voyant arriver, d'un air dégagé, le jeune homme; on dirait un poulain pas encore ferré...

Je me connaissais un peu en poulains. Mon père avait été longtemps garçon d'écurie chez un éleveur, et, quand je lui apportais son dîner, il me montrait les poulains, en appelant mon attention sur leurs qualités.

Stéphanie me tira par le bras, en nous entraînant dans une allée de côté.

- Tais-toi, c'est mon frère, il serait capable de nous accoster...

Mais j'étais lancée. Ma migraine me tirait un oeil et m'enserrait les tempes. Je voyais que je pouvais insulter le bonhomme, pourvu que je me laissasse attirer dans les fourrés. Mon exaspération montait, montait...

- Ecoute, Stéphanie, je ne veux plus être vue avec quelqu'un qui a des pieds semblables... je serais perdue de réputation...

Et je les plantai là. Stéphanie resta encore un instant à me regarder, estomaquée, puis elle me rejoignit, ne sachant si elle devait rire ou se fâcher.

- Tu sais, toi qui t'étonnes quand je les traite de voyous...

- Ce mufle qui n'osait se montrer avec nous

[pagina 29]
[p. 29]

dans les grandes allées, parce que nous sommes mal habillées... Si nous étions des cocottes chic, ils seraient fiers de nous afficher, mais ils rougissaient de nos guenilles... Eh bien, j'ai voulu leur montrer qu'il y a des choses plus ignobles que des guenilles. J'avais un vrai plaisir à faire pâlir ce butor, de vanité blessée: il ne savait où fourrer ses abatis... Moi qui pose pour ma beauté, qui suis tantôt nymphe, tantôt princesse, je ne veux plus me laisser humilier par des êtres de cette allure...

Stéphanie, que j'avais amenée chez les peintres pour lui faire trouver des poses, y avait échoué: elle en avait gardé du dépit.

- Oh! tes peintres sont souvent aussi des galapiats, des fils d'épiciers et de bouchers...

- C'est vrai, ni leurs voix ni leurs manières ne sont comme celles des étudiants, mais il faut les écouter quand ils parlent de ce qui est beau. L'autre jour, comme ils voisinaient chez l'un d'eux, ils discutaient les nuages d'un tableau: ils se fâchaient, puis s'attendrissaient, et, comme il y avait de gros nuages, ils se sont mis à discuter devant la fenêtre... Après, quand ils furent partis et que j'eus repris la pose, je demandai au peintre ce qu'il y avait donc de si rare dans les nuages. Eh bien, il a déposé sa palette, m'a plantée devant la fenêtre et, pendant le reste

[pagina 30]
[p. 30]

de la séance, il m'a expliqué pourquoi c'était beau.

A mon tour, je me plaçai devant elle et, la tête levée, je lui indiquais du pouce:

- Tu vois, c'est flou, c'est moelleux, c'est fort, et ce bleu et ce gris, ça s'accorde, ça se fond et se détache merveilleusement...

- C'est idiot, fit-elle, ce sont des nuages qui amèneront une ‘drache’, et toi, tu ne peux y voir autre chose que moi, et tes peintres sont des demi-messieurs.

- Je m'en fiche!... Quand ils me parlent ainsi, je voudrais ne plus quitter leur atelier... Si jamais un peintre veut faire de moi sa petite femme, il pourra compter sur moi, je ne le tromperai pas... Mais ils ne me prennent pas au sérieux, je suis trop petite et trop maigre: je n'ai qu'un mètre soixante, et leurs femmes ont au moins un mètre quatre-vingts, et des cuisses... il faudrait voir...

Elle m'emmena chez elle, où, pendant toute la journée, les dégoûts et les nausées m'enfiévrèrent.

Mais le soir, complètement soulagée, après m'être lavé la figure et peigné mes boucles blondes, je fus étincelante de beauté et de jeunesse, pour me rendre à un bal d'étudiants qui se donnait dans un jardin.


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