Gedoemde dichters(1957)–Paul Rodenko– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 158] [p. 158] Confession de l'auteur son portrait en crabe Comme une cathédrale il est cravaté d'ombre mille pattes à lui, quatre à moi. Chacun nos boucliers, le mien ne se voit pas. Le crabe et moi! je ne suis guère plus qu'un concombre. J'aurais été danseur avec des crocs plus minces, pianiste volubile si je n'avais des pinces. Lui ne se gêne pas de ses armes; il les porte à la tête et ce sont des mains jointes tandis que de ses tire-lignes, il fait des pointes. Vous avez, maître cancre, jambe et pieds ogivaux je me voudrais gothique et ne suis qu'en sabots. Ma carapace aussi parsemée, olivâtre devient rouge bouillie aux colères de l'âtre c'est contre lui en somme ou plutôt c'est pourquoi ce bouclier que j'ai gris et noir comme un toit? (après tout! peut-être n'est-ce que du théâtre?) Ah! c'est que tous les deux on n'est pas débonnaire, le crabe et moi! plus cruels que méchants aveugles sourds, prenant du champ, blessants blessés, vieux solitaires, pierre. Obliquité! légèreté! mais moi je suis un cancre aimable trop aimable, dit-on, badin. Volontiers je m'assied à table. Le cancre étant bigle est malin vise crevette et prend goujon moi j'ai l'oeil empêtré dans les marais bretons. Un jour le cancre a dit: Ah! je quitte la terre pour devenir rocher près du sel de la mer. J'ai répondu: Tu la quittes à reculons prêt à contréchanger tous les poissons. Vorige Volgende