Gedoemde dichters(1957)–Paul Rodenko– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 168] [p. 168] Au bout du sommeil Au bout du sommeil en vain une fusée sonne. Frémissant de paille comme plume, dans le centre du jour, abîme blanc, l'avènement de la pintade, par la fente du chaume, happe, indolente intruse, la frange de l'absence. Dans la spirale du réveil, dressé sur une main, j'accueille la méléagre, étrangère issue du chaume, et du soleil universel et du lavoir du hameau, et de la basse-cour entière et du verger en fruits de fleurs: vous retombez alors dans la paille terreur de vos jours. Au bout du sommeil en vain une fusée sonne. La pintade est un coq sans Gaules dans la grange semant sous les triangles métalliques des pattes l'or de la paille qui crépite lumineuse, puis sortant de la fugitive articulation du soleil et reclose la fente du mur de chaume, la nuit avec son coeur d'airain stoïque revient. C'est ainsi que traverse le coeur une lave éphémère, par le chaume un instant écarté, la sphère de cristal d'une pensée qui danse, toute proche, et on entend la présence certaine semer l'or, dans la nuit solide d'ébène, porte soudain rebarrée sur l'ouverture abolie dans la muraille. Au bout du sommeil en vain une fusée sonne. J'ai bien vu la fulguration, et ce qui fut dans l'éclair entre deux opaques nuits: [pagina 169] [p. 169] elle se tint immobile sur ses pattes dans l'or que je savais là. Au bout du sommeil en vain une fusée sonne. Mais cette fois encore il n'y eut point de paroles. Qu'il en fût surgi l'ultime, que leur eût importé cette lumière. L'obédience antique sait bien ce que l'on voit: des anges à l'angle d'une rue de Londres; leur dieu familier, ombre chinoise sur un peu de plâtre, un feu d'art dans un mur mystique, mille fois mille ans de provisions, de prophètes en apôtres. Et non pas un inconnu debout dans la nuit sur l'or certain sonnant, frémissement invisible chu d'une nuit dans une nuit. Vorige Volgende