Gedoemde dichters(1957)–Paul Rodenko– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 182] [p. 182] Tutuguri Le Rite du Soleil Noir Et en bas, comme au bas de la pente amère. cruellement désespéré du coeur, s'ouvre le cercle des six croix, très en bas comme encastré dans la terre mère, désencastré de l'étreinte immonde de la mère qui bave, la terre de charbon noir est le seul emplacement humide dans cette fente de rocher. Le rite est que le nouveau soleil passe par sept points avant d'éclater à l'orifice de la terre. Et il y a six hommes, un pour chaque soleil et un septième homme qui est le soleil tout cru habillé de noir et de chair rouge. Or, ce septième homme est un cheval, un cheval avec un homme qui le mène. Mais c'est le cheval qui est le soleil et non l'homme. Sur le déchirement d'un tambour et d'une trompette longue, étrange, les six hommes qui étaient couchés, roulés à ras de terre [pagina 183] [p. 183] jaillissent successivement comme des tournesols non pas soleils mais sois tournants, des lotus d'eau, et à chaque jaillissement correspond le gong de plus en plus sombre et rentré du tambour jusquà ce que tout à coup on voie arriver au grand galop, avec une vitesse de vertige, le dernier soleil, le premier homme, le cheval noir avec un homme nu absolument nu et vierge sur lui. Ayant bondi, ils avancent suivant des méandres circulaires et le cheval de viande saignante s'affole et caracole sans arrêt au faîte de son rocher jusqu'à ce que les six hommes aient achevé de cerner complètement les six croix. Or, le ton majeur du rite est justement L'ABOLITION DE LA CROIX Ayant achevé de tourner ils déplantent les croix de terre et l'homme nu sur le cheval arbore un immense fer à cheval qu'il a trempé dans une coupure de son sang. Vorige Volgende