Levende Talen. Jaargang 1934
(1934)– [tijdschrift] Levende Talen–Ce que lisent les eleves.Ga naar voetnoot+L'étude qui suit est fondée sur les données fournies par trois classes de l'enseignement secondaire: une de Troisième (âge moyen quatorze ans et demie), une de Première dans un lycée | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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de Garçons (âge moyen seize ans et demie), et une de Première dans un lycée de Jeunes-Filles (même âge). En tout 71 élèves ayant indiqué la liste des lectures faites par eux dans les huit mois déjà écoulés de leur année scolaire. Avant de dépouiller les résultats de cette consultation et d'en tirer sur ‘ce que lisent les élèves’ les conclusions qu'elle autorise, voyons dans quelles conditions l'élève peut se ravitailler en livres. La plupart des professeurs de lettres cherchent à organiser dans leurs classes une Bibliothèque, c'est à dire un ensemble de livres où les élèves de la classe pourront puiser. Mais aucune subvention, aucun fonds initial n'est mis à la disposition du professeur pour lui faciliter la création de cette bibliothèque. Aussi ne peut-il la créer qu'en demandant aux élèves une mise de fonds pour acheter des livres. Or les parents, quand l'enfant vient leur demander la somme nécessaire à cette cotisation (somme très minime: cinq ou dix fcs au maximum par trimestre), s'ils sont riches, répondent qu'ils ont assez de livres chez eux, où l'enfant pourra puiser; s'ils sont pauvres, que ces frais supplémentaires, ajoutés au prix d'achat élevé de nombreux livres classiques leur paraît abusif: qu'ils empruntent à leurs camarades ou aux bibliothèques populaires gratuites! Admettons cependant que le professeur ait la chance inouïe de réunir trente cotisations pour une classe de quarante élèves, et qu'il demande dix francs; cette première somme de trois cents francs lui permettra d'acheter environ trente volumes, en choisissant des textes très bon marché. A la fin de l'année, il. pourra peut-être avoir réuni soixante quinze volumes. La bibliothèque est fondée; elle n'a plus qu'à s'enrichir; une fois par semaine on ramasse les livres lus et on en distribue de nouveaux selon la demande des lecteurs. Mais un détail de l'organisation de l'enseignement secondaire en France vient trop souvent entraver le développement normal de ces bibliothèques: les professeurs changent souvent de classes. Ainsi, dans un grand lycée de Paris qui comprend cinq professeurs de Première, un ‘roulement’ les oblige à changer chaque année de classe et de service. Qui sait alors si le collègue qui prendra leur succession dans la classe qu'ils viennent de quitter continuera à enrichir la bibliothèque déjà fondée? Si la nouvelle classe que reçoit le professeur dans la nouvelle année scolaire ne comporte pas encore de bibliothèque, aura-t-il le courage de s'occuper à nouveau d'en fonder une, d'entreprendre sur ce | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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point un travail supplémentaire dont on ne lui saura jamais aucun gré, et de demander toujours l'aumône? Il y renoncera bien vite. C'est pourquoi, dans tant de classes, il n'y a pas de bibliothèques de classe, ou seulement, derrière les vitres d'une misérable armoire, quelques tomes 1 dépareillés, déjà déchirés et poussiéreux que ni élèves ni professeurs n'ont le courage d'aller visiter. Ainsi, sur trois classes où j'enseigne cette année, une seule, la classe de Troisième, est pourvue d'une bibliothèque qui comporte le chiffre énorme de deux cents volumes. C'est que j'ai trouvé, en prenant cette classe, un fonds déjà important, et que, enseignant dans cette même classe depuis trois ans, je, peux m'assurer moi-même de la bonne rentrée des livres à la fin de chaque année, remplacer les livre volés ou perdus, compléter les collections commencées. Cette organisation donne-t-elle au moins entière satisfaction? Hélas non! Car sur deux cents titres, que d'ouvrages ineptes, reçus comme cotisation ‘en nature’ par les fondateurs de la bibliothèque, acceptés pour ne pas vexer parents ou enfants, et que l'élève mal guidé choisit en général de préférence aux livres intéressants qui sont en nombre. La question difficile qui se pose à ce propos est celle-ci: Comment guider l'élève? Deux dangers sont à craindre: laisser l'élève entièrement libre, et dans ce cas, il choisira instinctivement, en général, les ouvrages les plus médiocres et les plus au-dessous de son âge, ou lui imposer des livres qu'il acceptera par discipline mais que ce seul fait lui rendra insipides, et qu'il remettra au bout de huit jours à la bibliothèque sans les avoir lus. Quoique la lecture soit une partie beaucoup plus essentielle de la culture littéraire que le thème latin, il importe cependant de ne la présenter que débarrassée de tout sentiment de contrainte. Un thème latin laborieusement exécuté sous la peur d'une punition pourra apprendre à l'élève de la grammaire et remplir ainsi son office. Mais une lecture à laquelle l'élève aurait l'impression de se sentir condamné perdrait tout fruit. On ne peut donc que conseiller l'élève, lui suggérer avec tact et comme en particulier tel titre. L'élève résiste rarement à des formules comme: ‘Evidemment, je ne recommanderais pas ce livre à tous vos camarades, mais je crois qu'il pourra vous plaire ... essayez toujours.’ Flatté par cette distinction, il reviendra huit jours après vous remercier par un: ‘Oh! Oui, Monsieur, c'est très | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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bien!’ Ne lui demandez pas de préciser ce qu'il entend par ce: ‘C'est très bien!’ Vous lui gâteriez son plaisir; mais il va recommander ce livre à ceux de ses camarades qu'il juge dignes de le goûter, et la réputation de l'ouvrage s'étendra pour le plus grand bien des esprits. Mais il faut bien prendre garde que si un livre chaudement recommandé par le professeur déplaît, toutes ses recommandations ultérieures seront sans effet; du jour où les élèves se disent entre eux que le professeur ne recommande que des choses ‘rasoir’, votre crédit est anéanti, et vous ne pourrez agir que par les moyens détournés qui consistent à calomnier devant eux l'ouvrage que vous voulez leur faire lire. Il ne faut pas craindre, en particulier, de déclarer hautement que tel chef d'oeuvre réputé est ennuyeux malgré sa réputation d'oeuvre de génie, autrement dit, par tous moyens et par un effort perpétuel, retrouver son propre esprit d'élève de quatorze ou seize ans, donner confiance en son goût. Quand il n'existe pas de bibliothèques de classe, il est très difficile de guider le choix des élèves. Rares sont ceux qui viennent demander conseil! Et ce sont les meilleurs, ceux dont le goût est le plus sûr et a le moins besoin d'être éclairé. Dans l'immense majorité des cas, l'élève lit ce qui lui tombe sous la main, au hasard, le bon, parfois, avec le mauvais. Cependant le professeur doit chercher à multiplier les occasions de recommander les livres de valeur, en profitant de la moindre invitation offerte pas les cours, les explications, les devoirs. Un seul peutêtre notera sur un coin de son cahier le titre cité, l'auteur nommé? Tant pis; ce ne sera pas du temps perdu, si cet élève unique lit l'ouvrage et cultive l'auteur! Qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de bibliothèque de classe, une remarque s'impose: l'élève parisien, ou habitant d'une grande ville, est pris entre deux genres d'occupations, aussi absorbantes les unes que les autres, entre lesquelles il ne peut guère trouver le temps de lire: le travail de classe, vraiment très occupant pour un élève studieux et un peu faible en sciences, et les distractions, sport ou cinéma, qui accaparent les jours de congé. L'abondance des lectures est donc inversement proportionnelle au travail que l'élève doit ou veut fournir pour sa classe et aux distractions diverses qu'il prend avec sa famille ou ses camarades. Ceux qui lisent beaucoup ne sont pas forcément les meilleurs de la classe, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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trop souvent les premiers grâce seulement à un travail acharné; ce sont surtout ceux dont les familles, de condition modeste, vivant assez repliées sur elles-mêmes, ne leur offrent guère de distraction: sport, visites, spectacles, voyages. Qu'ils lisent peu ou beaucoup, des livres recommandés par le professeur ou traînant sur la table de leurs parents, que lisent les élèves? Il est difficile de le savoir. Pour leur permettre de répondre avec exactitude et sincérité à la question que je leur posais: ‘Quels livres avez-vous lus depuis le mois d'octobre?’ j'ai dû leur promettre de ne révéler à qui que ce soit les auteurs des listes qu'ils me remettaient. Et d'abord il faut écarter les ouvrages étudiés en classe en tout ou en partie, ceux dont la lecture est une nécessité pour la préparation du baccalauréat. Le programme de littérature française sur lequel peut interroger l'examinateur va de 1500 à 1870. Sont en particulier nécessaires à connaître des extraits de Rabelais, de Montaigne, des Poêtes du 16ème Siècle, les principales tragédies de Corneille et Racine, les comédies de Molière, des extraits de Pascal, Bossuet, La Bruyère, Fénelon, Voltaire, Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Vigny, Musset, Michelet. De plus les élèves ont entre les mains des Morceaux-choisis, qui, en un ou plusieurs volumes, contiennent des pages de tous les auteurs importants, pages que le professeur fait étudier pour permettre aux élèves de saisir l'évolution de notre littérature. Certains de ces morceaux choisis parmi les meilleurs contiennent plus de 1.500 pages et des extraits de 120 auteurs. D'autre part le professeur donne parfois des devoirs qui nécessitent la lecture d'un livre qui n'est pas spécifiquemant au programme, mais dont l'étude est utile pour l'examen. L'élève, par là, peut avoir de lumières sur un nombre relativement élevé d'auteurs et connaître un nombre relativement élevé de textes fragmentaires mais significatifs. Il y a loin évidemment de là à la lecture faite par goût, à cette lente pénétration de l'esprit par le durable contact avec un livre lu en entier et avec amour! Sur les lectures indépendantes de tout programme, voici les résultats de l'enquête à laquelle je me suis livré. Je les ai classés méthodiquement, et je livre au lecteur ce tableau, qui pourra lui suggérer plusieurs remarques instructives. Je me contenterai de dégager les conclusions les plus importantes. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Que la précision de ces chiffres ne nous fasse pas illusion, et apportons d'abord à cette statistique les corrections que mérite toute statistique. Les élèves de Troisième lisent-ils beaucoup moins que les autres? Pas dans la proportion que fait ressortir le tableau; en effet, beaucoup ont avoué avoir été dans l'incapacité de se rappeler auteur et titre, parfois sujet et contenu, de nombreux ouvrages lus il y a seulement quelques mois. - Les jeunes-filles lisent-elles beaucoup plus que les garçons du même âge? N'oublions pas que leur désir de s'attirer l'estime du maître par l'étalage de nombreuses lectures les fait paraître à leur avantage sur ce point par rapport à de nombreux garçons dont l'insouciance et la crainte de paraître chercher à se faire bien voir ont obnubilé la mémoire! Ajoutons que, dans chaque classe, malgré un effort sérieux pour la sincérité, bien des romans-feuilletons, des ouvrages de collections à bon marché ont dû être négligemment omis pour une oeuvre classique complaisamment étalée! Dans un cas particulier, on pourra s'étonner de voir, à la rubrique VII, 15 classiques étrangers lus par des élèves peu soucieux d'auteurs classiques. Ce phénomène tient uniquement à la présence dans cette classe de deux jeunes réfugiés allemands qui, quoique du même âge que leur camarades français, ont des lectures beaucoup plus sérieuses, abondantes, utiles à l'esprit. Même remarque pour la rubrique: Classiques du moyen-âge et du XVIème Siècle; les 20 ouvrages qui se trouvent dans la colonne de la classe de Ière garçons viennent tous d'un seul et unique lecteur doué d'une curiosité remarquable et d'une érudition unique à cet âge en ce qui concerne, entre autres, l'époque 1450-1550. Nul doute non plus que les événements récents de la politique française ne motivent une curiosité temporaire pour les ouvrages politiques en Troisième. Autre chiffre dû égélement aux circonstances: 46 fois des titres de romans de Hugo m'ont été donnés. Sur ceux-ci, les trois quarts sont formés par les Misérables. Si l'on songe que les Misérables ont plus de 2.000 pages dans l'édition Nelson, cet ouvrage représente plus de pages de lecture, à lui seul, que toute la rubrique II. Nul doute que ce succès ne soit dû à la projection, au cours de cette année scolaire, du film Les Misérables. Flaubert doit son succès auprès des jeunes filles moins certainement aux recommandations du professeur qu'au succès du film Madame Bovary. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Ces réserves faites et ces explications données, que ressort-il de cette statistique? D'abord la prépondérance extraorginaire des romans: 70% de l'ensemble, et dans ceux-ci, la moitié au moins d'auteurs contemporains particulièrement à la mode, tant français qu'anglais. Ensuite les proportions assez intéressantes entre tel et tel auteur, Maurois plus lu à lui tout seul que Vautel, R. Rolland, Mac Orlan, Dekobra, Marcel Prevost et Bourget réunis. En outre, l'abondance, pour l'époque contemporaine, des ‘Divers’, masse d'auteurs sans valeur littéraire, peu connus ou inconnus, mais peut-être de très bonne vente, et dont la production en série est répandue dans la masse. Enfin, sur le point essentiel: Y a-t-il une littérature pour la jeunesse en France, comme il y en a une en Angleterre ou en Allemagne, et la jeunesse la lit-elle? ce tableau impose une réponse: les élèves lisent trois sortes d'ouvrages:
Ainsi il n'y a guère de différence entre les lectures des parents et celles des enfants de 14 à 17 ans. Les romanciers à succès qui font les délices des mères, et dont les parents parlent à table forment une bonne moitié des lectures de l'enfant; ils formeraient plus encore, si l'enfant n'était aussi un élève soucieux d'acquérir en hâte un bagage utile en vue de l'examen. Je crois que la remarque valait la peine qu'on l'appuyât sur des données précises.
philippe van tieghem. Professeur agrégé des lettres. |
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