Rik Wouters, ‘Nel met de rode hoed of een namiddag te Bosvoorde’ (Nel au chapeau rouge ou un après-midi à Boitsfort), 1908, collection Alla Goldschmidt.
Une récente exposition au Musée d'Ixelles (près de Bruxelles) a présenté un bel ensemble dans lequel on aura remarqué des oeuvres de Jan Toorop (1858-1928) Guillaume van Strydonck (1861-1937), Théo van Rysselberghe (1862-1926) et surtout La musique russe, Le rendez-vous et Après l'orage de James Ensor. Nous nous permettons cependant de regretter qu'une place n'y ait pas été réservée aux paysages fascinants, quasi expressionnistes de l'artiste toujours méconnu qu'est Guillaume Vogels (1836-1896).
Les qualités picturales de l'impressionnisme autochtone ont longtemps fait école. Plus d'un peintre se limita par exemple à s'inspirer de Paris dans le choix d'une palette plus claire. D'autres, comme l'Anversois Theodoor Verstraete (1850-1907), exploitèrent la technique de l'impressionnisme autochtone dans leurs représentations monumentales et naturalistes de scènes misérabilistes. Ils ne figurent pas aux cimaises de l'exposition mise sur pied par Serge Goyens de Heusch, qui n'a pas davantage cru devoir mettre à l'honneur la démarche originale d'un Jan Stobbaerts (1838-1924).
L'impressionnisme autochtone connaît un nouvel engouement après 1900 avec une génération qui redécouvre les oeuvres de jeunesse de James Ensor et y décèle la touche par laquelle la lumière, la couleur et les formes peuvent se confondre. Sous ce rapport, le premier tableau marquant de Rik Wouters, Nel met de rode hoed of een namiddag te Bosvoorde (Nel au chapeau rouge ou un après-midi à Boitsfort), de 1908, ressemble fort à un hommage à L'après-midi à Ostende de James Ensor, qui remonte à 1881. Le Musée d'Ixelles a d'ailleurs eu recours à la collection d'Alla Goldschmidt pour ce magnifique Wouters.
L'impressionnisme autochtone semble purement flamand. Toutefois, on omet généralement de mentionner un courant très comparable de la peinture allemande, qui allait du reste inspirer le jeune Edvard Munch. L'exposition Landschaft im Licht (Paysage et lumière), qui s'est tenue au Musée Wallraf-Richartz de Cologne au printemps de 1990, a mis en évidence bien des points d'apparentement.
A partir de 1885, l'avant-garde française gagna les faveurs de Bruxelles. Le résultat le plus regrettable en fut sans aucun doute le succès éphémère du pointillisme en Belgique. Alors que cette technique était purement et simplement importée, le principal représentant du néo-impressionnisme resta fidèle à une conception réaliste. Bien qu'il se soit risqué à d'ambitieuses allégories, c'est surtout en tant que portraitiste qu'il est passé à la postérité.
Le procédé analytique propre au néo-impressionnisme a rapidement fait place à un luminisme éclectique, qui devait rester populaire jusqu'après la première guerre mondiale. Les influences sont désormais très diverses, et la production rencontre quelque succès. Comme il l'a fait dans son imposant ouvrage L'impressionnisme et le fauvisme en Belgique (Fonds Mercator, 1988), Goyens de Heusch consacre une section à la médiocrité et aux insuffisances de dizaines de luministes, disciples d'un Emiel Clous (1849-1924) qui, lui s'y trouve étonnamment mis en valeur. C'est ainsi qu'il est démontré à grand renfort d'exemples