Guide pratique et littéraire des itinéraires poétiques bruxellois
Ce Guide pratique et littéraire des itinéraires poétiques bruxellois est un vade-mecum qui porte en couverture le titre à Bruxelles et un long sous-titre: avec Baudelaire, Hugo, Rimbaud, Dumas, Balzac, Marx, Engels, Ch. Brontë, Byron, Mirbeau, Daudet, J.K. Huysmans, Claudel, Auden, Joyce. L'ouvrage est de la main de Marcel van Nieuwenborgh (o1946), traduit et adapté du néerlandais par Marie-Françoise Dispa. J'avais lu le petit ouvrage du poète et essayiste flamand Marcel van Nieuwenborgh Literaire wandelingen door Brussel (Balades littéraires à travers Bruxelles) et j'en avais fait une recension dans la revue Ons Erfdeel. Or, me voici confronté non seulement avec une traduction, mais également avec une adaptation du livre. Comme il faut en dire un mot dans Septentrion, je me suis amusé, au lieu de refaire le compte rendu des itinéraires empruntés à Bruxelles aux xixe et xxe siècles par des écrivains étrangers, à rechercher en quoi les adaptations apportaient quelque chose de nouveau à un texte néerlandais au demeurant fort intéressant. J'en suis arrivé à la conclusion que je préfère la traduction conforme à l'esprit de l'auteur plutôt que les passages adaptés, car les anecdotes très nombreuses ont une note de vérité où la verve le dispute à l'authenticité tandis que les rajouts m'agacent. Prenons un exemple. Joris Karl Huysmans (1848-1907), moribond, reçoit à son chevet le peintre Forain. En bon converti, Huysmans avait jadis entraîné son ami à l'Église
catholique. Forain raconte qu'il était venu encourager Huysmans sur son lit d'agonie. ‘Je ne vous dis pas adieu, avait soufflé le mourant, mais au revoir’. A cette belle histoire, Forain, en point d'orgue, ajouta: ‘Lorsque j'étais sur le point de sortir, Huysmans me rappela et dit d'une voix sifflante: A très bientôt, mon bon ami...’ La traduction française omet de dire que Forain raconte lui-même l'anecdote. Tant pis, on peut s'en passer. Hélas! l'adaptateur ajoute de son propre cru: ‘Le peintre, faut-il le dire, n'était pas pressé...’. Non, il ne fallait pas le dire. Au demeurant, je préfère le tempérament impétueux des écrivains qui expriment mieux que quiconque les choses informulées. Pour le reste, je puis me contenter de retraduire en français le bien que je pense du livre de Van Niewenborgh, même si l'éditeur l'a transformé en un ‘Guide pratique et littéraire...’. L'ouvrage s'insère dans une collection où l'on trouve notamment sur Bruxelles, un guide d'architecture moderne. Notre guide, dans sa version française, est divisé en 12 itinéraires qui ne sont pas à proprement parler des promenades, mais en quelque sorte des actes divisés en scènes où les comédiens-écrivains interprètent -