Société
Une ‘byp’ ouverte le dimanche
A maintes reprises déjà, les responsables des bibliothèques publiques aux Pays-Bas se sont prononcés en faveur de l'ouverture de celles-ci le dimanche. Principales pierres d'achoppement jusqu'ici: les coûts supplémentaires qu'une telle mesure occasionnerait et l'existence d'une convention collective imposant aux employés le repos dominical. Toutefois, en octobre 1990, la bibliothèque de la ville (universitaire) de Leyde réussit à débloquer la situation. A titre d'essai et pour une période de six mois, elle décida d'ouvrir ses portes au public le dimanche. Initiative couronnée de succès puisque, depuis lors, on voit des centaines de ses habitants, assoiffés de lecture, prendre, le dimanche, le chemin de la ‘bieb’ (prononcez ‘byp’), abréviation familière du mot ‘bibliothèque’ en néerlandais.
L'expérience, la première du genre, n'a pu être lancée à Leyde qu'au terme d'une difficile victoire remportée sur les organisations syndicales. Comptant parmi leurs affiliés une bonne partie du personnel, celles-ci n'avaient pas hésité à saisir, en référé, le tribunal de La Haye. Découragé sans doute par la trop grande complexité du problème, ce dernier s'était refusé à se prononcer sur ce qui devait prévaloir dans cette affaire: soit le respect scrupuleux de la convention collective, soit la prise en compte de l'intérêt général: l'ouverture de la ‘bieb’ le dimanche. Face à cette impasse les syndicats s'étaient finalement résignés à avaliser la poursuite de l'expérience jusqu'en avril 1991.
Le succès de l'expérience (appelée sans doute à se poursuivre sous une forme définitive) est dû avant tout au fait que le personnel ait consenti, de son plein gré, à travailler le dimanche. Ce comportement pour le moins inhabituel a eu des retombées. Certains collègues travaillant dans des bibliothèques situées à proximité de Leyde, sont venus y proposer leur collaboration à l'expérience en cours. Qualifiant l'initiative de ‘fantastique’, diverses bibliothèques d'Amsterdam et de La Haye examinent la possibilité de prendre des dispositions analogues. Elles font valoir entre autres que les bibliothèques assurent un service public, au même titre que les musées et les transports en commun, en activité, eux aussi, le dimanche. Parfaitement conscient de ce parallélisme, le conseil municipal de Leyde n'a pas hésité à allouer une subvention supplémentaire à sa bibliothèque pilote.
La nécessité d'augmenter le nombre d'heures d'ouverture ne s'est pas uniquement fait sentir au niveau des activités de prêt. Les salles de lecture de la ‘bieb’ sont, elles aussi, prises d'assaut par des gens désireux de consulter des ouvrages de référence ou de lire des revues néerlandaises et étrangères. A présent, les journaux du dimanche, provenant en grande partie de l'étranger, peuvent être feuilletés, à peine ‘sortis de presse’. Offerte par une ville qui par ailleurs accueille un nombre considérable d'étudiants (tant nationaux qu'étrangers), cette primeur socioculturelle constitue, sans aucun doute, un exemple à suivre. ■
Jan Verdonck
(Tr. U. Dewaele)