Littérature
Le prix triennal d'État à André Demedts
En 1990, le prix triennal d'État couronnant toute une carrière d'écrivain a été attribué au Flamand André Demedts, tant pour son oeuvre littéraire que pour ses mérites culturels. Assez tardive et inattendue, cette haute distinction n'en est pas moins méritée. André Demedts (o1906), né dans le village ouest-flamand de Sint-Baafs-Vijve, est l'auteur de plus de 70 volumes de poésie, de nouvelles, de romans, de livres pour la jeunesse, de théâtre, d'essais et de monographies. A cette oeuvre immense, il convient d'ajouter en outre des centaines de contributions à des collectifs, à des revues et à des périodiques.
Demedts s'est activement engagé sur tant de terrains de la vie culturelle qu'il est devenu un des plus importants vecteurs culturels flamands de la première moitié de ce siècle. Il fut entre autres cofondateur du périodique De Tijdstroom (Le Cours du temps, 1930-1934), rédacteur de Vormen (Formes, 1936-1940) et, depuis 1939, membre de la rédaction de Dietsche Warande en Belfort (Jardin et beffroi moyen néerlandais) revue-clef de la littérature flamande contemporaine. Après la seconde guerre mondiale il fut l'instigateur des Journées culturelles de la Flandre française, qui ont tant contribué à l'éveil d'une conscience culturelle néerlandaise dans cette région d'Europe. En 1952, il fut cofondateur du Christelijk Vlaams Kunstenaarsverbond (Ligue des artistes chrétiens de Flandre), organisation qui édite la revue West-Vlaanderen (Flandre-Occidentale), intitulée à présent Vlaanderen. Quelques années plus tard il fut l'inspirateur de Ons Erfdeel (Notre Patrimoine) qui, sous la direction de Jozef Deleu, et depuis la fondation de l'ASBL du même nom, a pris nombre d'initiatives en faveur du rayonnement de la culture de la Flandre et des Pays-Bas dans le monde.
André Demedts a eu également de nombreux mérites sur d'autres plans, partout où il fallait prendre à coeur, volre défendre les intérêts flamands. Dans le cadre de son activité culturelle il convient de mentionner aussi les plus de trois mille causeries qu'il a consacrées aux sujets les plus divers depuis 1928. Toutefois, c'est dans son oeuvre littéraire, à lire comme un tout cohérent, qu'il faut voir le plus grand monument érigé par André Demedts au peuple flamand. L'idée de l'émancipation parcourt ses livres tel un fil rouge et elle atteint un sommet dans la tétralogie De Eer van ons Volk (L'honneur de notre peuple, 1973-1978). Le lien ente ses activités socioculturelles et littéraires est souvent plus étroit qu'on ne pense.
C'est en poésie, cependant, qu'il fit ses débuts avec le recueil Jasmijnen (Jasmins, 1929), conçu dans le sillage de l'expressionnisme humanitaire, mouvement qui s'accordait bien à ses profondes motivations sociales. En réalité, l'auteur de ce recueil témoigne d'une recherche plutôt hésitante de son être propre ainsi que de sa place et sa mission parmi les hommes; mais la poésie de Demedts (réunie dans ses Verzamelde Ge-