Marc Maet, ‘Est’ (Celui qui est), acrylique et feutre sur toile, 250 x 260, 1989, ‘Jack Shainman Gallery’, New York.
plus général. Cette ‘citation’ sans problèmes de signes médiévaux agit de façon extrêmement étrange, et cela d'autant plus que son oeuvre antérieure nous laissait prévoir une tout autre évolution. Avec ces oeuvres-ci Maet prend, apparemment consciemment, le contre-pied. Mais cela seulement en apparence, car, ici aussi, les figures doivent être interprétées dans un sens métaphorique. L'aspect religieux semble en effet abordé sous un angle large, parallèlement chargé d'un sens mystique. Maet cherche toujours un symbolisme universel et le concrétise dans ces tableaux-ci par des signes religieux. L'ébauche de tout ceci était déjà présente dans le tableau
Pietà.
Il est évidemment tentant pour le spectateur de voir les signes présents dans Les Armes de la Passion comme l'équivalent (du chemin de croix) de l'auteur qui recherche la retranscription plastique optimale de certains contenus spécifiques. C'est intentionnellement que les signes graphiques ne sont pas repris dans leur écriture gothique initiale, mais sous forme de capitales, ce qui augmente leur lisibilité. Leur matérialité fragile (ils ne sont pas couverts de peinture) forme un contraste aigu avec les écussons lisses, coulés dans du polyester. L'impact du motif est soutenu par sa composition: le rétrécissement descendant guide le regard automatiquement vers la notion essentielle, la ‘passion’.
Dans XPI l'aliénation est poussée jusqu'au bout par l'insertion d'un motif religieux et décoratif presque kitch, sur un fond où des mouvements oscillants se coulent en dégradés d'acrylique rose.
Marc Maet ne choisit pas toujours, et même rarement, la solution la plus évidente. Le tableau définitif intègre souvent des éléments du motif initial dans des positions qui ont été modifiées. Cela induit une tension plus grande, l'image acquiert une sorte d'inadéquation, mais devient en même temps plus captivante et moins saisissable. Partant de cette attitude, il produit régulièrement plus d'une variante d'un même tableau. Il ne s'agit pas d'une volonté de réaliser des séries, mais de développer les diverses possibilités qui se présentent au cours du processus de création. Dans sa recherche frénétique de camper des figures avec la plus grande densité possible, il explore, pour ainsi dire systématiquement les diverses voies qui s'ouvrent dans le paysage qu'est la peinture. Une recherche qui livre des moments convaincants; des oeuvres qui donnent une forme solide à des figures qui intriguent. Mais heureusement le dernier tube de peinture n'est pas encore vidé, le besoin de peindre de Maet subsiste. N'a-t-il pas dit lui-même: ‘Tout est peinture, mais Tout doit encore être inventé’? ■
anne milkers
Critique d'art.
Adresse: Ottergemse Steenweg 181, B-9000 Gent.
Traduit du néerlandais par Flory Corbex-Buvens.