L'artiste peintre Kees Verwey
Kees Verwey (o1900) est probablement le plus âgé des peintres néerlandais encore en activité. Ce phénomène, remarquable en soi, reçoit une dimension supplémentaire du fait que le peintre parvient actuellement encore à faire des tableaux qui, selon les spectateurs émerveillés, font sans conteste partie des meilleurs de son oeuvre. Il représente donc le genre d'artiste qui connaît un processus de maturation progressif et continu. A cet égard, le Haarlemois fait penser quelque peu à son concitoyen du xviie siècle, Frans Hals (1581-1666).
Issu et entouré d'un milieu bourgeois féru d'art, il était fasciné dès son enfance par des figures telles que Georg Hendrik Breitner (1857-1923), Willem Arnoldus Witsen (1860-1923), Jozef Israëls (1824-1911) et Floris Verster (1861-1927), maîtres hollandais du tournant du siècle, dont son oncle, le poète Albert Verwey (1865-1937), possédait des tableaux. De cette première période de Kees Verwey, il nous reste de nombreux dessins qui, après coup, semblent être très significatifs de la voie qu'il suivrait par la suite. En premier lieu, ils prouvent qu'il n'était question ni de talent précoce ni de génialité rénovatrice, comme c'était le cas chez Picasso. Les autoportraits nous montrent en lignes hésitantes un garçon réservé et introverti de 17 ans qui n'avait pas reçu le génie artistique comme un don du ciel, mais qui au contraire a dû se battre durement pour l'acquérir. Dès sa prime jeunesse et tout au long de sa vie, Verwey a cherché et expérimenté, sans jamais abandonner ou renier toutefois la tradition de la fin du xixe siècle de ses prédécesseurs mentionnés ci-dessus. Ce n'est pas parce que son oeuvre continue d'être un commentaire perspicace, approfondi et toujours différent sur l'art du siècle dernier qu'il doit être qualifié d'épigone tardif. Bien au contraire, c'est un artiste ayant une vision à la fois hautement originale et audacieuse. Audacieuse, car refusant, malgré la pression, toute apparence de modernisme, même si par là l'artiste risquait de passer temporairement au second plan.
Cette réflexion sur le passé donne à l'oeuvre de Verwey son caractère personnel et unique et en constitue même l'essence. Verwey explore les limites de l'abstraction, il en fait étalage, mais il lui tourne le dos à temps. Au moyen d'associations de couleurs osées, il découvre les recoins de l'éclairage et de l'ombre, sans toutefois confondre la réalité observée et le monde du rêve. Il produit des compositions fantastiques, mais toujours à partir d'une structure profondément rationnelle.
Au début de sa carrière, le danger d'une imitation par trop fidèle était bien réel. Ceci est dû d'une part au fait que son évolution était linéaire et graduelle et d'autre part au caractère tyrannique de son maître, Henri Frédéric Boot (1887-1963). Afin d'accéder aux cours de ce dernier, Verwey devait au préalable s'identifier à l'extrême avec les idées tolstoïennes de ce bohémien stoïcien. Verwey a décrit son maître de la manière suivante: ‘Boot désirait puiser la force qu'il lui fallait pour pratiquer son art dans la lutte pour l'existence, dans les classes inférieures de la société. C'est pourquoi il vivait dans une extrême sobriété, entouré d'objets dont il se servait pour son art: son matériel de peintre, des meubles très différents, des plantes et des fleurs fanées, des moulages et de la camelote qu'il avait accumulée au fil des années’.
A l'exemple de Boot, Verwey a mené une vie d'ermite jusqu'à l'âge de trente ans. Ensuite, il s'est installé à Haarlem où il habite toujours une belle maison datant du xviie siècle près du Spaarne. Boot ne l'a pas entièrement quitté. On a l'impression que le souvenir de son esprit est resté tangible dans l'atelier qui correspond trait