Frederik Devreese, compositeur et chef d'orchestre
Le Flamand Frederik Devreese (o1929) doit en grande partie sa notoriété au concours de jeunes musiciens Tenuto, dont il dirige régulièrement les concerts de lauréats à la télévision belge de langue néerlandaise. Mais il est avant tout compositeur d'opéra, d'oeuvres pour orchestre (concertos, ballets, musique de scène), de musique de chambre et - ce qui est loin d'être négligeable - de musique de film. Il exerce en outre des fonctions de producteur de programmes musicaux à la télévision. Durant une dizaine d'années, il a enseigné à la section flamande de l'INSAS (Institut national des arts du spectacle et techniques de diffusion) à Bruxelles, où sa passion pour la musique de film et pour la relation entre la musique et le cinéma ajoutait à son cours une dimension originale. Directeur de l'Académie publique de musique d'Overijse, Devreese voue concrètement un grand intérêt à la formation des jeunes; il a longtemps dirigé le Belgisch Jeugdorkest et c'est à lui que l'on doit la création de Procemus, centre de promotion et de formation de jeunes talents.
Chez les Devreese, la tradition musicale remonte à cinq générations. Le père de Frederik, Godfried (1893-1972), était compositeur, chef d'orchestre, violoniste et altiste.
Frederik Devreese a fait ses études au Conservatoire royal de musique de Bruxelles; il s'est perfectionné en composition et direction d'orchestre au Conservatoire d'Amsterdam, à l'Accademia di Santa Cecilia de Rome et à la Staatsmusikakademie de Vienne.
Il a écrit un nombre impressionnant de partitions. Avec son Premier Concerto pour piano (1949), il a obtenu le prix de la ville d'Ostende. Vinrent ensuite un Concerto pour violon (1951) et trois autres concertos pour piano (no 2, 1952; no3, 1956; no 4, 1983). Le dernier de ceux-ci a été choisi comme imposé au Concours musical international reine Élisabeth de 1983, année Pierre-Alain Volondat. Son oeuvre pour orchestre comporte encore la suite Maskerade (1955), Ouverture (1976), la suite de ballet Gemini (1987). Pour l'opéra, il a écrit Willem van Saeftinge (1964/1979), couronné par le prix Italia, et la Muette de Portici (1977). Au théâtre, il a notamment illustré Médée d'Euripide (1960), Le Marchand de Venise de Shakespeare (1961), Warna et La Ville à voile de Willems (respectivement en 1963 et 1968), et La Farce des ténébreux de Ghelderode (1970). Ces illustrations font souvent intervenir des éléments de musique concrète ou électro-acoustique, combinée ou non à des instruments. Il en va de même pour sa musique de film, la partie de son oeuvre sans doute la plus écoutée sans être pour autant la plus connue. Plusieurs cinéastes belges ont quasi systématiquement fait appel à Frederik Devreese: Paul Haesaerts (1901-1974) et André Delvaux (o1926), ainsi que Harry Kümel (o1941) (Le Gardien du tombeau, 1956), Roland Verhavert (o1927) (La Naissance, 1969;
Gand, 1973) et Jean-Marie Lefèvre (Du bout des lèvres, 1975). Il a composé la musique des films d'art de Haesaerts, Les Clés du surréalisme (1966), Brueghel (1969), Evenepoel (1971) et Moi, Ensor (1972), et celle des films de fiction d'André Delvaux, qui figurent parmi les fleurons de la production cinématographique belge: L'Homme au crâne rasé (1966), Un soir, un train (1968), Rendez-vous à Bray (1970), Belle (1973), Benvenuta (1986) et L'OEuvre au noir (1988).
La musique de film de Frederik Devreese a autant d'importance que ses autres partitions. A telle enseigne que Devreese lui-même la conçoit comme une interprétation personnelle - parfois trop personnelle - du film, tant et si bien qu'elle apporte à celui-ci quelque chose d'essentiel qui ne peut en aucune façon se réduire à une fonc-