Septentrion. Jaargang 20
(1991)– [tijdschrift] Septentrion–
[pagina 68]
| |
![]()
Pieter Bruegel l'Ancien, ‘Val der opstandige engelen’ (La chute des anges rebelles), huile sur bois, ll7 × 162, 1562, détail, Musée des Beaux-Arts, Bruxelles.
études récentes. Une de ces publications passionnantes, se caractérise par une approche tout à fait personnelle: il s'agit de Bruegel. Au Soleil des Gueux d'Émile Potelle. Pour cet auteur, comme pour beaucoup d'autres, Bruegel est plus que l'observateur réaliste de scènes paysannes. Les nombreux individus que l'on découvre sur les tableaux de Bruegel sont davantage des types que des personnages. Ils représentent des valeurs, des sentiments et expériences séculaires. É. Potelle confère cependant une dimension supplémentaire à l'oeuvre global du peintre. En effet, la plupart des toiles doivent être interprétées dans un plus large contexte. Ensemble, elles reflètent l'éternel ‘cycle de l'humanité’. Cette représentation cyclique de l'humanité rejette la théorie de l'Apocalypse. Malgré la forte opposition des pères de l'Église, elle s'était quand même infiltrée au Moyen Age jusque dans la pensée chrétienne. Toutefois, le grand rôle que Bruegel, inspiré par l'humanisme, attribuait à l'homme, était nouveau. C'est que l'homme pouvait lui-même influencer fortement les évolutions du cycle. La pensée cyclique remonte à La chute des anges rebelles. Le monde redevient un chaos matériel et spirituel, qui doit être vaincu pas à pas. Au terme d'une longue lutte, une organisation de la société semble possible à l'aide de lois et réglementations. Cette réalisation est critiquée avec une ironie symbolique dans le célèbre tableau Les proverbes flamands. Finalement, la civilisation croissante et la prospérité entraînent la paresse et le manque de vigilance. De ce fait, l'homme n'est plus capable d'écarter le mal. Dans quelques chapitres moins importants, É. Potelle nous parle de certains symboles et thèmes bruegeliens intéressants. Il porte notamment une grande attention aux ‘paysages enneigés’, qui sont un des sommets de l'art du paysage. La description de l'image de la potence, si fréquemment présente chez Bruegel, est très intrigante. Quelques données biographiques font l'objet d'une étude; et il fallait naturellement aussi rechercher l'origine de la culture bruegelienne d'aujourd'hui. Ce qui frappe en lisant Bruegel. Au Soleil des Gueux, c'est l'érudition stupéfiante sur laquelle l'auteur peut s'appuyer. É. Potelle ne se limite d'ailleurs nullement au xvie siècle. Car l'oeuvre de Bruegel présente la caractéristique de presque tous les grands artistes: il reste toujours actuel! ■ Hans Vanacker (Tr. Chr. Meert) emile potelle, Bruegel. Au Soleil des Gueux, Haut-Pays, Cahiers de l'Ourthe et du Haut-Pays d'Ardenne, Houffalize, 1990, 248 p. |
|