Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion–
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![]() La tour aux livres de l'université de Gand, 1936-1942. Actuellement en cours de restauration ©SABAM Belgique 2013.
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ActualitésArchitectureVie et oeuvre d'un ‘Google doodle’: Henry van de VeldeLe 3 avril 2013, 600 millions d'internautes découvraient ou apprenaient à mieux connaître Henry Van De Velde. Il s'affichait à l'écran comme le Google doodle du jour. Les plus curieux auront sans doute cliqué sur la barre d'informations, où ils auront lu: Henry Van De Velde, architecte et designer belge, né il y a 150 ans. Certes, Van De Velde était une personnalité de renom international, mais jamais de son vivant il n'avait rencontré une telle considération. Il atteignit l'âge respectable de 93 ans. Son époque était celle de la plume et du papier, outils dont il s'est largement servi, non seulement pour écrire ses mémoires, mais aussi pour entretenir une riche correspondance. La Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles lui consacre une exposition dédiée à sa correspondanceGa naar eind1, qui permet de mesurer l'ampleur de son réseau de connaissances, à la fois international et comportant des chefs de file dans de nombreux domaines. Ainsi, parmi ses amis et confrères, Van De Velde comptait des modernistes tels que Alvar Aalto, Richard Neutra, Willem Dudok, Erich Mendelsohn et, bien sûr, Walter Gropius. Henry Van De Velde, né flamand, était francophile, mais pensait à l'échelle européenne. La Belgique n'a cependant pas réussi à garder au pays ce grand penseur et travailleur acharné. En fait, il a mis le temps à trouver sa vraie vocation. Van De Velde s'est, en effet, consacré longtemps à la peinture. Il était même prêt à duper son père en s'inscrivant non pas à des cours de droit, mais à l'académie. Par le biais du groupe d'artistes Les vingt il se tint au courant des derniers développements internationaux, alors qu'il continuait de faire des séjours occasionnels en Campine (région sablonneuse dans le nord-est de la Belgique) et à la mer du Nord. Ce n'est que vers la trentaine qu'il abjura les pinceaux et qu'il se jeta avec toute sa fougue sur ce qu'il appelle les ‘arts de l'industrie, de la construction et de l'ornement’. Le design était devenu sa passion. C'est à Paris que Van De Velde se fit un nom. En 1895, Siegfried Bing l'invita à réaliser quatre aménagements d'intérieurs de boutiques. Même si le critique d'art Edmond de Goncourt qualifia son style de Yachting Style, ceci n'empêcha nullement l'afflux de nombreuses commandes pour la réalisation de meubles, d'objets d'ornement et d'aménagements d'intérieurs entiers. La même année, il commença à Uccle (Bruxelles) à aménager son habitation privée Bloemenwerf, qui devint une salle d'exposition de son savoir-faire. En outre, à travers ses écrits et ses conférences, il exposa sans relâche ses idées; méthode qui s'avéra payante. La demande était si grande qu'il allait bientôt fonder sa propre société et un atelier d'artisans allait s'établir dans son sillage. C'était hélas voir un peu grand! La société ferait faillite. C'était le moment de mettre les voiles. Berlin lui tendait la main. Des peintres, marchands d'art et industriels demandaient à Van De Velde d'aménager leurs intérieurs. C'est de cette époque que date sa réputation d'artiste polyvalent. Il conçut des tapis et des tissus de revêtement, réalisa des bibelots, des reliures et de l'argenterie, fabriqua également des meubles, voire des intérieurs de pièces entières. Parmi la jet-set de Berlin, il rencontra le comte Harry Kessler et Elisabeth Förster-Nietzsche, la soeur du philosophe. Ils détenaient fortune et pouvoir et ils avaient un plan. Ils voulaient faire de la ville | |
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![]() La villa Bloemenwerf à Uccle (région bruxelloise), 1895, photo Bildarchiv Marburg.
provinciale de Weimar un précurseur artistique. Van De Velde y apporterait sa contribution personnelle, que ce soit dans la ville et ses abords ou dans les nouveaux quartiers, en dehors de la Weimar classique. Il conçut son habitation privée Hohe Pappeln (1908) et le Nietzsche Archiv (1903). Dans le quartier des nouveaux riches, il dessina les plans de la Villa Dürckheim (1912) et de la Villa Henneberg (1914). À ce moment, il est depuis longtemps l'homme de la Neue Linie, qui a pris ses distances avec l'Art nouveau bruxellois. À Weimar, où on consacre actuellement des études très sérieuses à Van De Velde, se tient une exposition importante qui fait aujourd'hui halte à BruxellesGa naar eind2. C'est également à Weimar que Van De Velde s'attela pour la première fois à la concrétisation de son grand rêve d'organiser une formation artistique où les différentes disciplines devaient se renforcer mutuellement. En trois mois d'efforts effrénés, il dessina les plans de sa Kunstgewerbeschule, mais il n'eut pas l'occasion de faire aboutir son rêve. La guerre menaçait et en tant qu'étranger il avait perdu tout son crédit. Si, au début de cet article, je mentionne qu'il entretenait ‘bien sûr’ une correspondance avec Walter Gropius, cela s'explique par le fait qu'il avait demandé à ce dernier d'achever le travail. Ce fut la base du Bauhaus. La guerre et l'inflation avaient dépouillé la famille de Van De Velde. Cette fois-ci, le salut vint des Pays-Bas, où le couple d'industriels Kröller-Müller le fit venir pour dessiner son pavillon de chasse Saint-Hubert dans la Hoge Veluwe. Plus tard, Van De Velde revint au pays pour une deuxième période belge. Cette fois, il persévéra dans son projet de mise en place d'une formation artistique et créa La Cambre, l'École supérieure d'architecture et d'arts visuels, qui existe toujours. Il conçut aussi la monumentale tour aux livres de l'université de Gand, actuellement en restauration. Entre-temps, son habitation privée, La Nouvelle Maison à Tervueren (près de Bruxelles), la Technische School à Louvain et la polyclinique à Astene (près de Deinze en Flandre-Orientale) figurent parmi les monuments classés. À Bruxelles, il signa les plans de nombreuses maisons de maître, dont la maison Wolfers, la maison Cohen et la maison Grégoire-Lagasse, qui ouvriront exceptionnellement leurs portes à l'automne 2013. geert sels |