Pieter van der Heyden d'après Pieter Bruegel l'Ancien, Luxuria, gravure extraite de la série Les Sept Péchés capitaux, 22,6 × 29,6, Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles.
se resituer dans un contexte qui n'avait véritablement que la gravure comme mode de reproduction, de diffusion et, partant, de connaissance de la production artistique européenne. Les voyages romains demeureront rares jusqu'au
xviiie siècle. C'est dire que les oeuvres de Raphaël, Andrea del Sarto et Giulio Romano, à partir desquelles Hieronymus Cock exécute des gravures, ne furent d'abord connues que par leur transposition gravée.
Avec Hieronymus Cock vont se définir les principes modernes du commerce de l'estampe. Il brise le système antérieur dans lequel l'artiste pouvait être marchand et imprimeur. Il est le premier à établir des distinctions entre le peintre, désormais cité d'après la mention pinx., le fabricant (fec.), le graveur (sculp., inc.), l'inventeur du motif (inv.) et l'éditeur (excud.). Les prix pratiqués témoignent de l'étonnante suprématie du graveur sur le dessinateur qui n'est pas toujours mentionné. Celui-là pouvait percevoir soixante-dix florins quand le dessinateur n'en recevait que vingt. Cette discrimination était assez injuste en regard des talents de Bruegel, auteur d'un nombre considérable d'estampes qui façonnèrent à jamais la renommée internationale de son éditeur.
Les témoignages de l'époque sont très éloignés de l'idée que l'on pourrait se faire aujourd'hui d'un éditeur. Son collaborateur Karel Van Mander dresse en effet le portrait d'un artiste qui a ‘renoncé à la culture et à l'art pour s'adonner au commerce. Il commandait et achetait des tableaux à l'huile et à la détrempe, publiait des gravures au burin et à l'eau-forte. Il devint un homme riche, achetant maison sur maison.’ Cock avait su s'entourer des meilleurs dessinateurs et graveurs de son temps. Il était connu de Giorgio Vasari, qui en parle largement dans la Vie de Marc Antoine, et le secrétaire de