Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion–HistoireUn ‘goût d'étranger aux Pays-Bas’: le Musée frisonCes dernières années, on a vu s'ouvrir, en Flandre, plusieurs musées communauxGa naar eind1. Le musée M à Louvain (2009), le STA.M à Gand (2010) et le Museum aan de Stroom (Musée au bord du fleuve) à Anvers (2011). Si le profil de ces trois musées est loin d'être identique, les parallélismes sont évidents. Ils sont tous hébergés dans un superbe immeuble neuf ou rénové et vouent une partie importante de leur collection à l'histoire de la ville où ils sont situés. La similarité avec le Musée frison à Leeuwarden, qui a rouvert ses portes le 13 septembre 2013, est frappante. L'histoire du Musée frison remonte au xixe siècle. Malgré les différentes extensions et rénovations intervenues au cours des 130 ans de son existence, l'immeuble qui hébergeait le musée était devenu inapproprié en ce début de xxie siècle. On rencontrait de plus en plus de difficultés pour assurer la programmation et offrir des infrastructures d'accueil du public conformes aux normes actuelles. L'héritage de 18 millions d'euros que l'architecte Abe Bonnema a laissé au musée en 2001 a joué un rôle déterminant dans la décision de construire un bâtiment flambant neuf. À la demande de l'architecte, la construction du nouvel immeuble imposant sur la Wilhelminaplein a été confiée à Hubert-Jan Henket, en collaboration avec le bureau Bonnema Architecten. L'abondante utilisation de vitrages dans la façade donne au bâtiment un aspect léger et aéré. Chose peu surprenante, la Frise est le fil conducteur à travers le contenu du nouveau Musée frison. Pas une ville donc, mais une province, et une province à l'identité bien spécifique. Un ‘goût d'étranger aux Pays-Bas’, comme le signale le site web du musée. Une province qui a sa propre langue - les membres du personnel sont censés parler couramment le frison -, son histoire et ses traditions. Avec des présentations de base variant à une cadence modérée, des expositions temporaires (parmi lesquelles une exposition pour grand public tous les deux ans) et des | |
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![]() Photo M. Kievits.
activités permanentes, le musée raconte des histoires à propos de la Frise, à l'intention des Frisons mais également des touristes intérieurs et extérieurs aux Pays-Bas. La source d'inspiration de ces histoires est la collection propre du musée, reflétant la société frisonne actuelle et passée et comportant quelques pièces de grande valeur. Rien que l'héritage de la prétendue espionne Mata HariGa naar eind2 et la collection séparée du musée frison de la Résistance suffisent amplement pour stimuler l'imaginaire des visiteurs. Par ailleurs, la collection comprend également des objets trouvés lors de fouilles archéologiques, des pièces acquises sur le marché de l'art, une collection de textile, des tableaux, etc... La collection est un objet d'étude, elle est inventoriée et numérisée, mais sa vocation première est d'être présentée au grand public. La nouvelle configuration du musée n'est pas une présentation classique dans laquelle les différentes catégories (art, objets, mode, etc.) sont cloisonnées et classées dans des salles différentes. Le musée s'aligne sur les tendances muséales actuelles et suit l'exemple d'autres nouveaux musées qui ont abandonné les présentations académiques. La collection est truffée d'histoires au sujet des onze villes et de la campagne, de la relation amour-haine avec l'eau, de la recherche de l'identité typiquement frisonne et de la position de la Frise dans le monde. Le musée cherche à inspirer le visiteur et à faire appel à son imaginaire afin qu'il puisse s'identifier, d'une manière ou d'une autre, avec ce qui est montré. Outre les présentations et les expositions, d'autres produits sont également développés pour le grand public: des livres, des sites Internet, des programmes didactiques et des activités permanentes sont appelés à maximaliser l'implication du plus grand nombre de curieux et d'intéressés. Autrement dit, il n'y pas seulement quelque chose à voir mais toujours aussi quelque chose à faire au Musée frison. Étant donné que les histoires racontées doivent veiller à maintenir vivant le lien avec l'univers du visiteur, les thèmes présentés sont actualisés par des artistes contemporains. Ceux-ci sont invités à jeter un regard critique sur les différents thèmes abordés. Des expositions d'art contemporain à part entière ne sont pas exclues, mais il arrive tout aussi bien que l'art contemporain soit mêlé à d'autres pièces de la collection permanente. Au moyen d'une bonne gestion de sa collection et de projets de recherche scientifique consacrés à celle-ci, le musée vise à améliorer sa notoriété et à promouvoir la Frise auprès du grand public. Le Musée frison se montre très ambitieux à cet égard. En 2016, il veut être l'attraction culturelle principale de la province pour les Frisons et non-Frisons. Par ailleurs, son objectif est d'atteindre une notoriété en Frise de pas moins de 95%. Hébergé dans un bâtiment impressionnant en plein coeur de la ville, le musée n'a pas manqué de mettre en valeur le lancement de ses activités au moyen d'un | |
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programme très varié et de plusieurs expositions simultanées. Outre le Ferhaal fan fryslân (L'Histoire de la Frise) et la collection du musée frison de la Résistance, l'exposition Oud Geld (Ancienne monnaie) dresse le portrait des hommes qui étaient au pouvoir en Frise au siècle d'or (xviie siècle). Au troisième étage du musée, le public découvre comment les hommes ne cessent d'explorer de nouveaux ‘horizons’. Nous verrons dans quelques années si le Musée frison sera parvenu à concrétiser ses ambitions. Dans l'intervalle, le programme nous invite d'ores et déjà à faire la connaissance d'une région particulière des Pays-Bas. eline van assche |