Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend531. J. van der BurghGa naar voetnoot3). (L.B.).En ce lieu ou mon debvoir m'arreste plustost que mon humeur, je n'ay autre contentement que celuy qui procede de l'esperance que je me figure quelquesfois de vous revoir - ce que je tenois pour asseuré à ce dernier voyage - mais mon maistre a voulu que je trouvasse cecy à dire a ma felicité, en m'employant ailleurs a son departement d'Utrecht. Je ne me sçaurois satisfaire en ce malheur que par la souvenance des preuves qu'il vous a pleu me donner si souvent de vostre faveur, qui me sont autant d'asseurances pour ne doubter que l'absence aye assez de force pour m'effacer de vos bonnes graces. Ce sont elles qui me donnent la hardiesse de vous aller dire les conceptions que j'ay sur la mort du greffier VerdoesGa naar voetnoot4); c'est que je m'imagine que possible elle pourroit apporter du changement en la secretairie de Monseigneur le Prince d'Orange, fust ce par vostre moyen, Mons.r, ou par celuy de Mons.r JuniusGa naar voetnoot5). En quel cas je vous viens supplier de penser, s'il ne se pouvoit trouver aucun moyen pour me sauver de cet exil. Je ne m'arreste point au nom, ny aux apparences d'une charge; il me suffiroit que vous la jugeassiez honneste, quand le reste se devroit suppleer par le pretexte de l'air de Frise contraire à mon naturel, ou quelque autre. Mon humeur n'est pas si peu posëe que je ne me puisse tenir en un endroict ou j'ay subject de m'aymer, et croyez que, quelque mescontentement que je pourrois avoir, je creveroy plustost que d'en faire semblant à autre qu'à vous. C'est vostre facilité et ceste franche ouverture d'affection que vous m'avez faicte, qui vous procure ceste familiarité. J'aurois mauvaise grace de vous entretenir icy d'un discours des desfaults de ceste cour. Vous me permettrez seulement, Monsieur, de vous dire sans vanité, que je n'aspireray jamais à ce point d'habilité de passer pour honneste homme, et ne l'estre pas, et que je ne sçaurois jamais faire fortune par les vertus des courtisans. Les mauvaises impressions qu'on a donnëes autresfois à mon maistre et à d'autres, qui me pourroyent faire du bien en ces quartiers, plus de ma religion, que de ma vie - qui sera de tout temps innocente, comme celle là est sans juste reproche - m'empesche d'exercer ma charge dignement et d'en tirer les profits qu'elle me devroit produire. Le moindre de vos clercqs en a plus que moy. Outre qu'il me fault vivre en un païs où l'on ne sçait pas ce que c'est. En l'estat ou vous me voyez, je ne doutte que je ne vous face pitié, et vous supplie qu'en cette occasion, ou en telle autre que vous pourriez juger plus a propos, il vous plaise vous souvenir, Monsieur, du plus humble de vos serviteurs .... Leeuwarde, ce 13e/23 7bre (Sept.) 1630. |
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