il faut ajouter la ‘Petite Salle’ réservée aux répétitions. Donnant sur le périphérique anversois, le complexe fut baptisé deSingel (‘ceinture’ en français).
Les salles s'étant révélées trop spacieuses pour les besoins d'un établissement scolaire, l'on décida de les mettre au service de la vie culturelle anversoise.
On créa, à l'initiative de l'Exécutif flamand, une association sans but lucratif, Cultureel Centrum deSingel, indépendante du conservatoire. Elle fut chargée de louer les salles à des tiers. En 1983, la directrice Frie Leysen (o 1950) (qui a démissionné en septembre 1991), élabora pour la première fois sa propre programmation. A l'affiche: concerts, théâtre, spectacles de danse. Ce fut le début d'une activité artistique qui allait conférer au Singel un rayonnement qui s'étendrait bien au-delà de nos frontières.
Ce qui distingue deSingel des centres culturels, c'est qu'à la différence de ces derniers, on y travaille à partir d'une vision artistique et non dans un but socioculturel. deSingel ne se sent pas appelé à diffuser la culture dans toutes les couches de la population par le biais d'activités de toutes sortes mais se borne, au contraire, à offrir des programmes d'art contemporain à un public spécifique, dûment ciblé et motivé.
Il est incontestable que les centres culturels flamands contribuèrent dans une large mesure à la diffusion du théâtre et de la danse. Ils devaient toutefois se contenter de l'offre disponible sur le marché. Faisant appel au ‘circuit alternatif’, certains centres, dont
deSingel, tentèrent d'élargir le marché en offrant à de jeunes metteurs en scène et chorégraphes la possibilité de créer des oeuvres nouvelles et en présentant au public des programmes issus d'options artistiques clairement définies. A partir de 1986,
deSingel ambitionnait même de préfigurer ‘un nouveau type de centre d'arts, représentatif de la culture flamande, voire européenne de l'an 2 000, à savoir un centre pluridisciplinaire conçu comme
Le centre culturel ‘deSingel’ à Anvers.
élément constitutif d'une plaque tournante internationale où s'échangent l'offre et la création artistiques’.
L'originalité du Singel résulte de la symbiose entre divers facteurs. Tout d'abord, le complexe réunit sous un seul toit l'une des meilleures salles de concert d'Europe (la Salle bleue) et une salle de théâtre bien équipée (la Salle rouge). Ensuite, au sein d'un même programme se combinent diverses expressions artistiques (musique, théâtre, danse, architecture), toutes réalisées à partir d'une vision artistique cohérente et en fonction de critères qualitatifs extrêmement sévères. Enfin, artistes et publics, tant flamands qu'étrangers, communient dans la découverte et la confrontation des formes d'expression les plus récentes telles qu'elles se manifestent dans les diverses disciplines artistiques.
Ces dernières années, deSingel a proposé un aperçu des aspects les plus novateurs du théâtre de langue néerlandaise. A cette occasion, la jeune génération flamande, comprenant entre autres Jan Fabre, Sam Bogaerts, Ivo van Hove, Lucas Vandervost, Luc Perceval, Guy Joosten, Jan Lauwers, Guy Cassiers, Jappe Claes, a pu présenter ses oeuvres parallèlement à celles de dramaturges étrangers célèbres tels que Tadeusz Kantor, Andrzej Wajda, le Wooster Group, Ariane Mnouchkine, Ingmar Bergman, Joeri Ljoebimov. L'avantgarde italienne, le théâtre français de Belgique, l'art soviétique (théâtre, architecture, musique rock) ont fait l'objet de programmes spéciaux. Depuis 1985, deSingel propose un programme pour les jeunes où, à côté d'un certain nombre de troupes étrangères, le théâtre néerlandais et belge pour la jeunesse (florissant dans les années 80) fait plus que bonne figure.
Les grands noms du monde international de la danse, entre autres Merce Cunningham, Trisha Brown, William Forsythe, Yushio Amagatsu, ont été invités au Singel, aux côtés de chorégraphes flamands tels qu'Anne Teresa de Keersmaeker, Marc Vanrunxt, Wim Vandekeybus. On y a accueilli, en mai 1991, Pina Bausch. Signalons aussi la présence, à intervalles réguliers, de troupes et de danseurs français (notamment Jean-Claude Gallotta, Maguy Marin, Régine Chopinot, Monnier & Duroure, L'Esquisse, Philippe Decouflé, Josef Nadj).
deSingel organisa des concerts de musique contemporaine avec, au programme, des oeuvres d'Iannis Xenakis, Vinko Globokar, Mauricio Kogel. Des compositeurs flamands, tels que Walter Hus, Peter Vermeersch et Luc Brewaeys, se virent confier des commandes, créées au Singel et exécu-